Fractal Universe – The Great Filters (2024)

Le death metal progressif a parfois la réputation d’être froid, élitiste, trop technique pour être honnête. Fractal Universe, eux, prouvent le contraire depuis maintenant dix ans. Et avec The Great Filters, leur quatrième album, les Nancéiens frappent fort. Très fort. On sent que le groupe a franchi un cap. Fini le death technique démonstratif, ici on parle d’un véritable univers musical, dense, complexe, mais jamais indigeste.

Dès l’ouverture avec « The Seed of Singularity », on comprend où on met les pieds. Les growls sont caverneux, les riffs tranchants, et les montées en intensité parfaitement maîtrisées. Le morceau installe une tension qui ne retombe jamais vraiment. Puis « Causality’s Grip » débarque, et là, c’est la claque : rythmique chaotique, mais toujours sous contrôle, et un solo de guitare planant à souhait autour de la troisième minute, qui colle des frissons.

Ce qui frappe, c’est la variété des ambiances. The Great Filters enchaîne les contrastes avec une vraie intelligence. « Specific Obsolescence » commence comme une déferlante et s’achève dans une mélodie au piano presque cinématographique. À l’opposé, « The Equation of Abundance » joue sur la beauté et la violence, mêlant passages mélodiques, chant clair bien dosé, et hurlements abyssaux. On navigue entre chaos contrôlé et envolées lumineuses sans jamais perdre le fil.

Mais ce qui fait la vraie différence, c’est ce fameux saxophone. Oui, du sax dans du death prog, et ça fonctionne. Sur le morceau-titre « The Great Filter », Vince Wilquin sort l’instrument au beau milieu d’un passage déjà tendu, et le solo jazzy qui en découle est juste bluffant. Sur scène, c’est encore plus marquant. Je les ai vus récemment, et je peux vous dire que c’est carré, intense, mais surtout très personnel. Ils posent leur ambiance comme Gojira ou Meshuggah savent le faire, avec une petite touche à la Pain Of Salvation dans les moments plus calmes.

Les musiciens sont tous impeccables. Les guitares sont techniques mais jamais froides, la basse se promène avec finesse dans le mix, et la batterie tient l’ensemble avec une précision chirurgicale. Le chant, entre growls et passages clairs bien amenés, gagne encore en justesse et en émotion. Rien n’est laissé au hasard, tout est à sa place.

Avec The Great Filters, Fractal Universe signe un album ambitieux, mature, mais jamais prétentieux. Le genre d’album qui peut faire aimer le death prog à ceux qui trouvent ça trop cérébral. Le genre d’album qui groove, qui cogne, qui pense, et qui émeut. En résumé : du death prog français qui n’a pas à rougir face aux cadors internationaux. Et ça, ça fait plaisir.

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