Le souci quand on est un fan, c’est qu’on n’a pas forcément envie qu’un de ses groupes favoris tourne en rond. On veut qu’il sache se renouveler sans pour autant perdre ce qui a fait sa force première, tout en faisant toujours mieux. C’est exigeant un fan non? Et si simplement le poids des attentes n’était qu’un frein à l’appréciation ? Vous savez, le truc qui peut pas s’empêcher de tourner des fois dans votre caboche, «Ah, c’était mieux avant quand même…».
« Until Fear No Longer Defines Us » souffre d’après moi
(et ça n’engage que moi) énormément du poids écrasant de la réputation de son grand frère, tant au niveau des attentes que des comparaisons. Pratiquement à chaque coin de l’album, chaque riff. Ce qui est bizarre tant les ambiances entre ces deux albums semblent diverger quand on les compare. Là où son prédécesseur se voulait d’une intensité et d’une émotion dingue, « Until Fear No Longer Defines Us » se veut plus lourd et sombre. Beaucoup plus homogène aussi. Les parties atmosphériques et les envolées disparaissent pratiquement pour faire plus de place aux passages doom/death aux tempos bien lents et dépressifs, comme sur « Clawmaster », « Traces of Liberty » ou « Breakwater ». Les morceaux plus calmes sont aussi bien présents, avec les tubesques « Chamber » ou « Grain » qui rappelleront beaucoup la précédente offrande des finlandais, ou les ballades « In The Wood » et « Soulcarvers ».
Il est bon, au dessus du lot même, et propose des ambiances différentes de son prédécesseur. Mais dans sa base même, la personnalité qui se dégage de la musique et dans la façon de composer, je n’ai pas senti beaucoup d’évolution.
Certains schémas me semblent beaucoup trop ressemblants avec ce qu’on pouvait entendre sur « Isolation Songs ». « Breakwater » me rappelle énormément « Birth » dans ses couplets, et son final. « Chamber », qui aurait pu se retrouver sur « Isolation Songs », et son lead de fin de refrain dont les notes me font penser à chaque fois à la fin de « Into the Black Light ». Chercherais-je trop la petite bête? Toujours est-il qu’une impression de déjà-vu et d’homogénéité flotte tout au long de l’écoute et qu’elle ne m’a pas lâché.
Mais essayons de faire un peu abstraction de ce grand frère encombrant. Parce qu’il y a quand même de très bonnes choses dans cet opus. A commencer par le magnifique morceau d’introduction, « In The Woods », complètement acoustique. Les gars de « Ghost Brigade » ont toujours la formule de la compo qui fait mal et du riff simple mais qui tue et leurs refrains sont toujours une des grandes forces du groupe. Ce qu’ils nous prouvent avec les tueries que sont les refrains de « Clawmaster », « Breakwater » ou encore « Divine Act Of Lunacy ». Revenons encore une fois sur le refrain de « Clawmaster », dont les paroles en chant clair font mouche à chaque fois («Let me run away to find my brigade! I want to run free with my brigade !»), ainsi que de son final qui ferait presque penser à du « Amorphis », un pur bijou.
Voila, au final je me retrouve comme un con avec un article qui entre beaucoup trop dans la comparaison, qui ressasse le passé et qui ne parle peut-être pas assez de l’album qui vous intéresse maintenant. Mais voila, même si « Until Fear No Longer Defines Us » est un disque qui s’écoute avec plaisir et qui confirme le groupe comme une valeur sûre, il ne me parle pas autant que son ainé qui pour moi est un maître étalon en termes d’intensité et d’émotions. Dommage pour moi, mais peut être que vous lecteurs saurez l’apprécier à une plus juste valeur.