Mastodon TheHunter lg

Mastodon parle une langue qui me botte, et surtout depuis « Crack the Skye », où les ambitions prog/psychédélique du groupe sont enfin sorties de l’ombre, après les quelques pistes laissées ça et là par Blood Mountain.

« Crack the Skye » fait partie de ces albums qu’on peut écouter à loisir, en boucle, même sans jamais trouver trace de lassitude ou d’usure. Riche, dense, complexe jusqu’à l’absurde par moment (les boucles démentes de « Last Baron »), l’album a suscité autant d’amour que de révulsion, avec dans l’ensemble un certain consensus critique sur son excellence. Alors autant dire que « The Hunter » était attendu de pied ferme. Méchamment buzzé, sévèrement promu (non mais sérieux le groupe n’a pas ménagé ses efforts pour dire « hé, on revient les mecs ! ») à grand coup de vidéos, d’extraits, et puis là, aujourd’hui même, l’album complet en streaming avant sa sortie.

La première écoute laisse plutôt un goût d’enthousiasme, avec quelques légers, tous légers, doutes. Le côté prog est très présent, ce qui n’est pas pour déplaire, les riffs, arpèges et solis barrés estampillés Mastodon sont là, les voix bien reconnaissables des deux bûcherons de chanteurs sont bien là, et l’album dégage une putain de patate bien testostéronée, pour pas dire couillue puisque il ya des nanas parmi les fans. L’orientation hard prog est assumée, et l’héritage bourrin du groupe apparaît par petites touches bien maîtrisées et judicieuses. « Spectrelight » un putain de bijou, avec la présence de monsieur Scott Kelly (chanteur guitariste de « Neurosis ») , pardonnez du peu.

Alors ? Pourquoi les doutes, vous êtes perplexe ? Ben, parce que l’ensemble apparaît de prime abord comme un poil trop lisse, c’est peut être dû à la production plus claire, à la batterie un peu plus en retrait… va savoir. Pourtant, « The Hunter » ne manque pas d’atout et de charmes : les gimmicks bien furieux et accrocheurs sont bien là, et le son semble marquer une évolution certaine chez Mastodon. Plus concis et direct que son prédécesseur. Dommage diront certains (dont moi), qui appréciaient les errements psychédéliques de « The Czar » ou l’illustre « The Last Baron ». En fait, et c’est peut être le gros reproche que je peux faire à « The Hunter », il manque juste un ou deux morceaux bien épiques, jouissifs et bien tortueux, afin de faire de l’album une tuerie.

Le dernier morceau « The Sparrow » est franchement trop court, avec son atmosphère bien floydienne, qui aurait mérité plus d’espace et de souffle pour s’exprimer correctement. Qu’on ne se méprenne pas, « The Hunter » est un chouette, album, très appréciable, et qui se révèlera certainement encore plus génial à mesure des écoutes, mais pour le moment, il n’est pas encore au niveau du précédent Opus. Certains morceaux (« The Hunter », « Thickening », « Spectrelight », « The Sparrow » leurs morceaux les plus denses émotionnellement et de vrais coups de cœurs) sortent vraiment du lot, et ramènent Mastodon au niveau stellaire qu’ils savent atteindre. D’autres sont plus « classiques » pour le groupe, et s’ils sont franchement bien classes, ils ne provoquent pas autant de curiosité que pour les deux derniers albums. « Creature Lives » quant à lui est l’ovni de « The Hunter » le moins mastodonesque des morceaux, et pourtant un sympathique exercice, entre rock shamanique et pinkfloydien, et sévérité religieuse.

Bref, une première approche plutôt positive dans l’ensemble, à confirmer, ou infirmer avec le temps. Personnellement, l’album va tourner quelque temps avant que je puisse m’en faire un avis définitif, et j’espère que les quelques légers doutes vont s’envoler pour laisser place à une certitude totale.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ffWVlG8rK9k]

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