Je vais vous parler d’un coup de cœur que j’ai eu en 2007 sur
un groupe qui nous vient d’un pays lointain appelé la Suède, l’une de ces grandes patries du Metal.
Après une écoute approfondie de leur premier opus « Anomia 1 » on pourrait cataloguer les suédois de Bokor dans un style Métal Prog, mais cela pourrait être une synthèse simpliste, face à un album très complexe, dans lequel on peut voir de nombreuses influences.
« Anomia 1 » est un album dont les écoutes nombreuses et prolongées sont indispensables pour bien savourer sa richesse, parce que de nombreuses ambiances viennent se côtoyer et fusionnent parfaitement. Les titres peuvent paraitre agressifs et violents, mais sont aussi à la fois mélancoliques et torturés, le tout créé un équilibre avec ses sensations, qui pourtant sont contradictoires, est d’une justesse rare. L’univers de Bokor est très bien restitué avec la voix de Lars Carlberg, qui possède un timbre de voix qui se situe à mon avis entre Chris Cornell et Kurt Corbain, avec un chant légèrement marmonné mais qui cache une puissance vocale d’une intensité monstrueuse.
Ce monde abondant ne peut que nous rappeler de nombreux groupes, dont les premiers qui me viennent l’esprit sont : Mastodon, Tool, et Opeth! Cette liste peut paraître élogieuse, elle n’en est pas moins tout ce qu’il y a de plus incontestable. Avec des riffs qui sont tantôt lourd et brutaux, et tantôt léger et aérien avec beaucoup de sonorités empruntées à la culture orientale.
Bokor impressionne également par la facilité d’écoute de ses compositions, et cela malgré la complexité et la longueur de ses titres, car « Anomia 1 » ne comporte que 6 titres et dure au final 44 minutes 27.
Je vais me focaliser sur le morceau fleuve « Migrating » qui dure un peu moins de 15 min et qui ne connaît pas de longueur. L’écoute de ce morceau justifie (et c’est mon avis) à lui seul le fait que l’on s’attarde sur cet opus, parce qu’il incarne parfaitement Bokor. La première partie est assez aérienne, cotonneuse et ressemble à un éveil dans un sentiment de bien être et d’apaisement. Elle évolue ensuite vers une sensation de force sereine et permet ainsi la transition vers une musique plus dense et plus agressive. Une sensation de puissance se dégage, mais rapidement contrariée par une guitare particulièrement « acide » et par l’apparition soudaine d’un chant rageur. La suite n‘est plus qu’une sombre descente vers un mélange de douleur et de tristesse. Emanation Baudelairienne ?
En résumé, Bokor sort de nulle part et nous assène avec « Anomia 1 » à écouter sans modérations, un vrai coup de maître pour ces suédois qui devraient rapidement faire parler d’eux.
Line up: Daniel Ortega (Batterie), Jimmy Larsen (Guitare), Lars Carlberg (Chant), Rickard Larsson (Basse, Backing vocals), Tomas Eriksson (Guitare, Backing vocals).